L’accès aux soins de santé intégrés d’urgence au Sahel au sommet de l’agenda du ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique
Ouagadougou - Au Burkina Faso, l'insécurité a contraint environ 1,8 million de personnes à quitter leurs lieux de vie habituels pour d’autres localités d’accueil, générant une forte pression sur le système de santé ; huit régions dont le Sahel ont une situation particulièrement critique. « 65% de formations sanitaires du Sahel sont fermées, engendrant des conséquences néfastes sur l’accessibilité aux soins pour près de 500 000 personnes déplacées internes », a révélé les données du Conseil National de Secours d'Urgence et de Réhabilitation (CONASUR) de novembre 2022. Bien que la demande en soins de santé ait fortement augmenté dans ces communautés d’accueil, elle demeure cependant limitée par le nombre de structures sanitaires fonctionnelles.
Afin d’assurer la continuité des services essentiels intégrés de santé dans les zones à forts défis sécuritaires, le ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique, à travers le Projet de renforcement des services de santé (PRSS), financé par la Banque mondiale, et en partenariat avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) met en œuvre un projet dénommé « Offre des soins des santé primaires d’urgences, incluant la prise en charge clinique des violences basées sur le genre pour les personnes déplacées internes et les communautés hôtes dans la région du Sahel ». L’objectif dudit projet est de renforcer l’accessibilité des populations aux soins de santé intégrés d’urgence dans la région du Sahel. La durée de l’intervention est prévue pour six mois à partir du mois de janvier 2023.
« Nous sommes heureux d’avoir pu conjuguer nos efforts en vue d’aboutir à cet important projet que le ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique a confié à l’expertise technique de l’OMS », a dit Dr. Isaïe MEDAH, Coordonnateur du projet PRSS.
Afin d’accroitre l’accès des populations déplacées internes et des communautés hôtes de ladite région aux soins de santé intégrés d’urgence et de qualité, l’OMS va apporter son expertise technique au ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique. « L’Organisation mondiale de la Santé est engagée à accompagner le ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique pour assurer la continuité des services de santé essentiels et répondre aux besoins sanitaires les plus immédiats des populations vulnérables vivant dans les zones à défis sécuritaires », a indiqué Dr Sonia Ouédraogo, Chargée de la réponse aux urgences sanitaires pour le Bureau pays de l’OMS au Burkina Faso.
Le Sahel fait partie des huit zones d’interventions du projet PRSS, avec une cible estimée à près de 600 000 personnes vulnérables dont 250 000 femmes. Les actions de l’OMS porteront sur le dépistage, la consultation curatives, le soutien psycho-social et la prise en charge pour différentes affections dans quatre districts sanitaires répartis dans les quatre provinces de la région du Sahel que sont le Yagha, le Seno, l’Oudalan et le Soum.
C’est un large éventail de soins de santé d’urgence et de soutien technique de l’OMS qui seront mis à profit pour assurer la mise en place d’une dizaine de postes médicaux avancés (PMA), la fourniture en médicaments, en matériels médico-techniques et en ressources humaines. Aussi, le renforcement des capacités opérationnelles et institutionnelles des structures de coordination de la réponse sanitaire, des structures de soins, de celui des médecins, infirmiers, sage-femmes, pharmaciens et agents de santé de divers profils sur les thématiques d’urgence seront renforcées par l’OMS pour plus d’efficience dans leurs missions.
Les financements reçus du PRSS permettront également à l’OMS d’assurer les consultations curatives au niveau des dix postes médicaux avancés mis en place, les consultations prénatales, la prise en charge de maladies chez la femme enceinte, le dépistage des cas de malnutrition parmi les enfants dont près de 60.000 sont âgés de moins de cinq ans. Le projet les prendra en charge et référera les cas de malnutrition aigüe sévère compliqués vers les services les mieux appropriés. En outre, le dépistage des cas de VIH chez la mère et chez l’enfant ainsi que les cas de violences basées sur le genre (VBG) seront effectués, et les patients bénéficieront d’une prise en charge médicale de première ligne et d’un soutien psycho-social.
« Cet accompagnement reflète l’intérêt de la Banque mondiale à participer au renforcement de la résilience du système de santé du Burkina Faso face aux urgences de santé publique auxquelles le pays est confronté », explique Moussa Dieng, économiste principal au Bureau de la Banque mondiale à Ouagadougou. « Par cet appui, le pays sera en mesure de renforcer l’accès aux soins de santé intégrés d’urgence au niveau communautaire, facilitant ainsi l’inclusion et la résilience des populations ».